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Bientôt, la carte des vins de la région : Sud-Ouest
Pays de cocagne pour tous les gastronomes, berceau du foie gras et du cassoulet, le sud-ouest français possède aussi ses lettres de noblesse en matière de vin. Et ce, depuis fort longtemps : la vigne y était déjà cultivée avant même la conquête romaine ! Ne formant autrefois qu'un seul et même vignoble avec les Bordeaux, sa réputation ne s'est cependant jamais vraiment remise du « privilège bordelais » octroyé par les rois d'Angleterre puis de France : pendant cinq siècles, jusqu'en 1773, les « vins du haut-pays » n'eurent le droit d'entrer dans le grand port que plusieurs semaines après ceux du proche vignoble, les monarchies ayant tenues à s'assurer la loyauté des puissants marchands bordelais. Cette ingérence de la haute politique dans les carafes et les verres est odieuse, certes, mais elle est heureusement facile à réparer ! Il n'est qu'à redécouvrir ce vignoble, l'un des plus savoureux, dans tous les sens du terme, par sa variété et son ancienneté.
Car les « vins du Sud-Ouest » sont une grande famille, qui s'étire sur une diagonale menant de la pointe ouest des Pyrénées, au sud de Bayonne, jusqu'aux confins de l'Auvergne - une diagonale, ou plutôt un trident, qui manœuvre autour de Toulouse en l'évitant par le Nord, avant de s'élargir en trois pointes : à l'Ouest, vers Bergerac et la vallée de la Dordogne ; au centre, vers Cahors et le Lot ; à l'Est, enfin, jusqu'au piémont du Massif central, vers Aurillac, Rodez et Millau. Le climat, de base océanique, se nuance ainsi vers le montagnard sur ses extrémités - c'est même plus qu'une nuance dans l'Irouléguy, un vignoble véritablement pyrénéen... - tandis qu'en son centre, il tend vers le méditerranéen, notamment autour de Gaillac. La pluviométrie que connaissent les vignes varie à l'avenant, le secteur de Pau étant par exemple nettement plus humide que le toulousain.
On a retrouvé des preuves de culture viticole à l'époque romaine, à Montans par exemple (près de Gaillac), mais les romains eux-mêmes, par leurs textes, nous apprennent que la vigne y était connue de longue date. Pline et surtout Columelle, le grand agronome des débuts de l'Empire, décrivent ainsi le cépage biturica, celui des Bituriges, la tribu gauloise qui peuplait la Gironde. Peut-être issu du Pays basque espagnol, ce cépage pourrait bien être le cabernet franc. Comme tous les vignobles gallo-romains, le sud-ouest connaît néanmoins une transition douloureuse à la chute de Rome, puis subit de plein fouet les raids vikings et musulmans. Il reviendra au XIIème siècle sur le devant de la scène avec le mariage d'Aliénor d'Aquitaine et Henri II d'Angleterre... avant que son destin de vignoble ne le sépare du bordelais en 1241, avec l'octroi du privilège évoqué plus haut ! A noter que durant cette période, les Bordeaux sont fréquemment coupés avec des vins du sud-ouest, qui lui amènent notamment leur couleur.
Le privilège étant tombé en 1773, c'est une autre révolution, celle du rail, un siècle plus tard, qui consolidera le vignoble et sa prospérité, en lui donnant la possibilité de servir l'ensemble du marché français, avec notamment des vins de table d'excellente tenue, le soleil du sud-ouest surclassant facilement les anciennes cultures de proximité, comme en Île-de-France notamment. Au XXème siècle, le vignoble du sud-ouest accède à la reconnaissance via une large série d'AOC. Il subit cependant un gel dévastateur en 1956.
La richesse de l'histoire des vins du sud-ouest se traduit en particulier dans la gamme de cépages : pas moins d'une soixantaine y sont obligatoires ou conseillés au titre des AOC, à tel point qu'on parle d'un « réservoir de biodiversité ». Cette terre de très ancienne vigne est notamment le berceau de plusieurs variétés qui ont conquis le monde, comme le cabernet, le malbec ou encore le merlot. D'après les travaux de Guy Lavignac, cette profusion peut s'appréhender en trois grandes familles :
Cette gamme de cépages confirme par ailleurs l'appartenance du bordelais et du sud-ouest à une même aire de culture, et ce de très longue date. Les cépages se diversifient néanmoins avec l'arrivée du chemin de fer : pour répondre à la demande, la faveur passe aux cépages productifs, Gamay, grenache et cinsaut sont ainsi introduits, tandis que s'étendent les locaux performants de ce point de vue : Jurançon noir, valdiguié, béquignol, mérille. Depuis une trentaine d'années néanmoins, comme dans d'autres régions, la tendance est plutôt au réencépagement de variétés locales, certes moins productives, mais à plus forte typicité.
Les vins du Sud-Ouest s'accordent excellemment à la cuisine régionale, et plus largement à tout plat généreux - à condition de respecter l'ordre des assiettes ! La puissance d'un Cahors, par exemple, conviendra parfaitement à un chou farci, un cassoulet ou une salade de gésiers, tandis qu'un Jurançon (moelleux) accompagnera un dessert en crème, des fruits cuits... ou un foie gras !
Inutile d'en rajouter, sans doute, pour expliquer leur succès auprès des gastronomes. D'autant qu'avec plus de 30 000 hectares plantés, le Sud-ouest est un vignoble vaste, qui donne annuellement un million et demi d'hectolitres - dont une moitié pour les seuls Cahors et Gaillac, suivis ensuite par les Fronton, Saint-Mont, Madiran et Jurançon. S'il reste en grande majorité dégusté en France, il tend à rattraper son retard à l'export, demandé notamment au Royaume-Uni, en Allemagne et au Bénélux.
Ces plants fournissent une grande variété de produits, beaucoup de vins de table, bien sûr, mais aussi un grand nombre d'appellations inimitables, emmenées par les Bergerac, Monbazillac, Cahors, Gaillac, Madiran, côtes-de-gascogne et Jurançon - sans oublier l'Armagnac et le floc de Gascogne. Examinons cela de plus près.
Au nord-ouest, le long de la Dordogne, le Bergerac et les Côtes-de-Bergerac sont escortés par sept appellations plus restreintes :
En remontant la Garonne, de Marmande vers Agen, Montauban puis Saint-Sardos (tout près de Fronton et Toulouse), on traverse les Côtes-du-Marmandais, Buzet, Brulhois, les vins de Lavilledieu et le Saint-Sardos - mais aussi, en IGP, le Tarn-et-Garonne, le Haute-Garonne et les Coteaux et Terrasses de Montauban.
On y rattache aussi généralement l'appellation Côtes-de-Duras, limitrophe avec le Bergerçois.
Plus au nord, sur le Lot, on trouve notamment le Cahors et ses vins noirs à la robe intense, puissants et charpentés, mais aussi les Coteaux-du-Quercy, ou encore, tout simplement, l'IGP Côtes du Lot.
Si l'on poursuit les vallées du Lot et du Tarn vers l'Est, jusqu'au Piémont du Massif Central, on atteindra le Fronton, les Gaillac ( rouges surtout), les Côtes-de-Millau, le Marcillac , le Entraygues-le-Fel et les vins d'Estaing.
Enfin, au sud, en s'approchant des Pyrénées, on verra d'abord défiler un ensemble de vignobles autrefois orienté vers les « vins de chaudière », promis à l'Armagnac ou au floc de gascogne... et aujourd'hui souvent reconvertis en vins de pays, avec les IGP Gers, Côtes du Condomois ou Côtes de Gascogne (généralement blancs).
Si l'on s'approche encore des montagnes, on atteindra les Madiran (puissants, charpentés), Pacherenc-du-Vic-Bilh
, Tursan et Saint-Mont - puis finalement les AOC Béarn, l'Irouléguy et le Jurançon
avec ses notes délicieuses de miel, de citron et d'épices.
Pays : France
tempéré océanique
1 984 h/an
716 mm/an
16,3 °C
32 039 ha
2 460
1 484 827 hl
59 400 ha
19 730
3 517 000 hl
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