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Bientôt, la carte des vins de la région : Corse
Non, décidément, les dieux n'ont pas été pingres avec l'île de beauté ! Ses plages, ses paysages, sa lumière n'étaient pas assez : pour notre plus grand bonheur ils ont achevé leur œuvre d'un trait de vignes, tout autour de son littoral. Depuis, les vignerons font le reste, à savoir essentiellement des rouges et des rosés, quelques blancs, ainsi qu'un fameux muscat. Des vins de France qui s'ancrent aussi, de par le climat et par les cépages, dans le vaste champ viticole de la Méditerranée.
Petit en taille (2700 ha pour les AOC), le vignoble corse est unique à bien des égards. Par son ensoleillement, tout d'abord, qui pour la France est exceptionnel : de 2700 à 2900 heures annuelles. Une exposition très forte qui s'accompagne néanmoins de vents violents. Les précipitations, surtout, sont rares et irrégulières, parfois brusques et massives - encore plus qu'en Provence. Le raisin craignant l'excès d'eau aussi bien que la sécheresse, la régulation des apports en eau présente un défi majeur pour la culture de la vigne sur l'île, et souvent le premier critère de choix des parcelles. Si les étés sont très chauds et secs, les hivers sont doux, et les gelées d'autant plus rares que l'influence maritime est naturellement très présente. La Corse, on le sait, est une chaîne de montagnes surgie de la mer. Ses vignes, en revanche, restent près des côtes, si bien que l'influence montagnarde se fait assez peu sentir, à quelques exceptions près - comme le clos d'Alzeto, en appellation Ajaccio, dont les plants montent à 500 mètres.
Les vignes corses sont le plus souvent cultivées dans de petites vallées plongeant vers la mer. Elles font un tour de l'île qui leur permet d'explorer pleinement la variété des sols insulaires. A l'ouest et au sud, comme sur les deux tiers de l'île, elles trouvent des terrains granitiques, amis du sciaccarellu. Au nord-ouest, le Patrimonio se distingue par ses placages calcaires qu'on retrouve aussi tout au sud de l'île. Au nord-est, elles traversent une zone marquée par les schistes. Quant au centre de la façade orientale, autour d'Aléria, c'est une plaine alluvionnaire née de l'érosion. Cette variété géologique sert la production, en lui assurant une grande variété de caractères.
L'histoire de la vigne en Corse se perd dans ses forêts premières, où prospérait la lambrusque, cette liane sauvage donnant de petits grains acides, qu'on retrouvait largement sur le pourtour méditerranéen. Le vin proprement dit est attesté dès le sixième siècle avant notre ère : Aléria, comme Marseille, était un comptoir phocéen - sous le nom d'Alalia. Comme sur le continent, les colons grecs y donnèrent à la vigne ses premiers arpents de culture. Quand cinq cents ans plus tard, Virgile louera l'excellence des vins de Balagne, le vignoble corse a déjà une longue histoire derrière lui...
Au Moyen-âge, le passage de l'île sous l'influence de Pise, puis de Gênes, viendra conforter les vins locaux, par une demande nourrie, mais aussi par l'introduction de plusieurs cépages italiens. Le rattachement à la France, en 1769, après la bataille de Ponte Novu, n'aura pas d'impact immédiat pour la vigne... du moins jusqu'à l'arrivée du chemin de fer, un siècle plus tard, qui ouvre aux vins corses un débouché immense sur le Continent. Le XIXème siècle marque une période de croissance très forte des surfaces plantées, dont les productions gagnent ensuite en navire le terminal ferroviaire de Sète.
C'est la catastrophe du phylloxéra qui porte un terme à cet âge d'or. Le vignoble de l'île de beauté ne s'en remettra vraiment que dans les années 1960, où sous l'impulsion notamment des rapatriés d'Algérie (comme en Provence, en Languedoc et dans le Sud-Ouest), de vastes surfaces sont replantées. Elles pourvoient notamment à la pénurie de vin de table qui sévit depuis le départ des Français d'Algérie. Près de 14 000 hectares sont ainsi replantés, pour l'essentiel en cépages de gros rendement, assez peu typiques. Beaucoup de ces vins de table prendront ensuite de plein fouet l'évolution des habitudes de consommation, après 1975. Jusqu'à la fin du XXème siècle, le vignoble corse perd ainsi les deux tiers de sa surface.
Comme d'autres vignobles méditerranéens, c'est par un vaste plan d'arrachage que la Corse redonne à ses vins leur lustre d'antan. Cette campagne peut s'appuyer à l'export, sur la notoriété et le grand capital sympathie de l'île, notamment en Europe du Nord et aux États-Unis. Elle est aussi une mise en avant bienvenue d'un très prestigieux patrimoine ampélographique.
La Corse abrite en effet une trentaine de cépages d'une grande variété, témoins végétaux d'une longue histoire tournée vers la Provence, la Sardaigne et l'Italie continentale. Trois d'entre eux se détachent par leur prestige et leur typicité :
Encore ne s'agit-il ici que des « têtes d'affiche » de la vigne corse, auxquelles il faudrait adjoindre le Barbarossa, aux blancs cristallins et floraux ; le Bianco Gentile (de Patrimonio, Figari et Sartène), dont les reflets virent au jaune, et dont les délices fruitées nous entraînent en un long voyage de la Corse vers les tropiques : agrumes, abricot, maracuja et autres douceurs... ; le Paga Debiti (paie-dettes), cépage doyen de blancs, conquérant assagi qui s'imposa il y a vingt-six siècles sur la friche des lambrusques ; l'Aleatico, maître du sartenais, pourvoyeur de rouges à la couleur intense, au nez muscaté et floral, qui œuvre également au rappu, le vin doux muté à l'eau-de-vie ; ou encore le Riminese, cousin de l'Albana d'Italie, propre à de fins blancs de garde ; le Cualtacciu blanc ; et tant d'autres cépages aux noms aussi enchanteurs...
Mais à trop admirer le verre, on en oublie l'assiette... les vins corses ne sont que l'expression, certes l'une des plus séduisantes, d'une tradition culinaire fermement ancrée dans la Méditerranée. Pour ne donner que trois indices à partir desquels chacun se plaira en variations :
Pour vous repérer dans le maquis des vins corses, ne perdez jamais la pyramide des appellations !
En plus de ces vins au sens strict, il convient de ne pas oublier ses vins doux naturels à base de muscat, qui bénéficient aussi de leur AOC : le Muscat-du-Cap-Corse.
La production AOC totale se monte ainsi à 36 % de rosés, 50 % de rouges, 12 % de blancs, 2 % de muscats. Elle est bue pour un tiers sur l'île, à 45 % sur le Continent, et pour 20 % à l'étranger, notamment aux États-Unis, en Allemagne et en Belgique.
Pays : France
tempéré méditerranéen
2 741 h/an
645 mm/an
17,2 °C
2 740 ha
170
112 191 hl
5 800 ha
450
282 000 hl
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